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Le viol est la seule vraie agression sexuelle
Faux ! On pense trop souvent que le degré de violence pendant le crime sert à déterminer ce qui sera considéré comme une « vraie » agression sexuelle. Les attouchements, le frotteurisme, le voyeurisme par exemple sont des agressions sexuelles. De nombreuses formes de violence sexuelle n’impliquent aucun contact physique comme l’exhibitionnisme, le harcèlement et la cyberviolence sexuelle. Il n’y a pas d’agression moins grave que d’autres. Pour plus d’information, consultez notre page « les formes d’agressions à caractère sexuel ».
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Une personne aînée ne peut pas subir d’agression sexuelle
Faux ! Il s’agit d’un préjugé tenace. L’agression sexuelle n’est pas le fait d’une pulsion sexuelle incontrôlable, mais un geste de violence, de pouvoir et de domination. Cela concerne malheureusement toutes les personnes. Mais plus encore, celles vulnérabilisées, méprisées et dont la parole est peu écoutée, comme les personnes aînées, racisées, en situation de handicap, de pauvreté, sans diplôme, demandeuse d’asile, trans, etc.
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Les agresseurs sont, la plupart du temps, inconnus de la victime
Faux ! Dans les faits, l’agresseur est habituellement une personne connue de la victime. Il profite de sa relation de confiance, de dépendance ou d’autorité avec cette dernière pour l’agresser sexuellement. L’agresseur sexuel est une personne qui partage généralement sa vie avec un partenaire lui permettant d’exprimer activement et régulièrement sa sexualité. L’agresseur, c’est un homme « ordinaire », « normal ».
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Les victimes portent souvent de fausses accusations d’agression à caractère sexuel.
Faux ! Cet argument est fortement véhiculé par l’agresseur et cela a comme impact de mettre en doute la parole de la personne ayant subi une agression à caractère sexuel. Le pourcentage de fausses accusations en rapport avec tous les crimes est de 2 %, et aucune raison ne permet de conclure à un plus fort taux en matière d’agression à caractère sexuel. En fait, c’est l’inverse, car seulement 3 agresseurs pour 1000 seront condamnés pour leurs actes d’agression à caractère sexuel. Alors, on ne s’étonne pas que seulement 5 % des victimes portent plainte. Les victimes d’agressions à caractère sexuel sont encore trop peu reconnues et protégées dans notre société. Une société qui « a fait de l’agression sexuelle un crime où la victime se sent coupable et l’agresseur innocent » (Benoit Groulx).
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Les victimes provoquent l’agression à caractère sexuel.
Faux ! Peu importe le comportement de la personne (faire du pouce, sortir tard le soir, marcher dans une rue mal éclairée, consommer de la drogue ou de l’alcool, s’habiller de manière séduisante ou vouloir raccompagner un homme). Il ne s’agit pas d’une provocation à une agression. Aucune personne ne cherche à être agressée, humiliée ou violentée. Ce mythe pèse sur les victimes et déresponsabilise les agresseurs. Il demande à la personne d’éviter tout comportement que les hommes pourraient interpréter comme une provocation sexuelle ou une invitation. Mais l’agresseur n’est pas tenté par les aspects de beauté, de séduction ou de désir pour la personne. Ce que l’agresseur recherche d’abord et avant tout c’est le contrôle et le pouvoir. Les personnes qui sont le plus souvent attaquées sont celles qui ne seront pas crues ou ne pourront pas dénoncer leur agresseur, comme les enfants par exemple. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer en prenant parole avec et pour les personnes victimes d’agression à caractère sexuel. Brisons le silence, soyons là, croyons-les.
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Si une victime ne crie pas ou ne se défend pas, ce n’est pas une agression à caractère sexuel. Elle était surement d’accord.
Faux ! Quand une personne est victime d’une agression à caractère sexuel, la réaction la plus fréquente est d’être paralysée par la peur. Elle se fige et ne peut pas se défendre. Elle peut aussi être terrifiée que son agresseur devienne plus violent si elle le repousse ou vivre de la confusion, ne pas comprendre ce qu’il se passe. Elle peut être intoxiquée par l’alcool et la drogue et être incapable de réagir ou de se débattre. NE PAS BOUGER CE N’EST PAS CONSENTIR.
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Les agresseurs sont des hommes aux pulsions sexuelles incontrôlables ou des malades mentaux
Faux ! Cette croyance populaire représente le préjugé le plus tenace. En réalité, c’est un acte de domination. La plupart des agresseurs n’ont pas de problème de santé mentale. Cependant, certains agresseurs plaident l’aliénation mentale comme défense. Dans les sociétés patriarcales, nous sommes culturellement conditionnés à normaliser la violence des hommes envers les femmes. Dans ce contexte, les agresseurs sont en fait, malheureusement, des hommes « normaux », que nous croisons tous les jours. Parler, transformer la culture, éduquer notre entourage est notre plus grande protection.
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Si les parents avaient une vie sexuelle normale, le père ne commettrait pas l’inceste envers sa fille
Faux ! Dans la plus grande majorité des cas, l’agresseur a une vie sexuelle active avec sa/son partenaire. Le fait de questionner la vie sexuelle du couple jette le blâme sur les femmes, qui sont traitées comme si elles étaient responsables de la sexualité des hommes (responsables de les satisfaire). Toute personne est responsable de sa propre sexualité. La vie sexuelle des parents n’a donc aucun rapport avec l’inceste.
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Les agressions sexuelles par drogue du viol sont commises par des inconnus dans la rue, les bars ou discothèques
Faux ! Il ne s’agit pas de la situation la plus courante. Plusieurs personnes rencontrées dans les CALACS ont subi une agression sexuelle par drogue du viol dans un party privé, alors qu’elles se sentaient pleinement en confiance. En effet, dans 65% des cas, l’agresseur est connu de la victime. Au « palmarès des drogues du viol », l’alcool arrive en première place, suivi du cannabis.
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Ce n’est pas une agression, car j’ai déjà eu des relations sexuelles avec cette personne
Faux ! Il est possible d’être agressée sexuellement par une personne avec qui on a déjà eu des relations sexuelles consentantes, notre « chum », notre conjoint, etc. Lorsque l’on dit « oui » une fois ou à plusieurs reprises pour avoir des relations sexuelles avec une personne, on ne s’engage pas à dire « oui » toujours. Malheureusement, 1 femme sur 9 est agressée sexuellement au moins une fois par son partenaire.
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Une personne agressée sexuellement ne peut s’en sortir
Faux ! Les agressions à caractère sexuel causent des blessures importantes aux personnes. La souffrance est si grande que beaucoup n’arrivent pas à croire qu’elles pourront aller mieux un jour. S’en sortir signifie que les conséquences sont de moins en moins présentes, qu’elles ne nous envahissent plus comme avant et que nous commençons enfin à vivre au lieu de survivre. Il demeure évident que ce processus de guérison demande du temps, de l’énergie, des efforts et du travail, comme pour toutes les blessures graves dans une vie humaine. Mais cela est possible, nous le voyons chaque jour. Par ailleurs, plus la société sera sécuritaire pour les femmes et les LGBTQ2+, plus les survivant-e-s pourront s’en sortir rapidement. Nous avons toustes un rôle à jouer pour aller vers cela.